Ce 12 février 2019, de nombreux membres de l’AAPF se sont rendus à la découverte du musée royal de l’Afrique central à Tervueren. Ce musée dont l’origine remonte à 1897, a été fermé de 2013 à 2018 et rénové en profondeur tant sur le plan de son contenu que de son infrastructure. Il est devenu très contemporain et intègre une approche qui se veut critique de notre passé colonial. Les avis sont partagés et la repentance est un peu trop présente.
Mais parlons de l’origine de l’histoire de ce musée. C’est sous l’impulsion du Roi Léopold II que ce musée fut intimement lié à la colonisation du Congo par la Belgique. Pour donner une
vitrine à « son Congo » et une idée du potentiel économique de cette région aux belges et ainsi attirer les investissements, Léopold II souhaitait aménager un lieu mettant en scène des objets originaux importés en quantité. A l’occasion de l’exposition universelle de 1897, il fit construire dans le domaine royal de Tervueren, le « Palais des Colonies ».
L’exposition temporaire qui y fut aménagée faisait la part belle aux curiosités du Congo (animaux empaillés, essences forestières, objets ethnographiques, ..). Dans le parc, parmi d’autres attractions, était offert aux regards des visiteurs un zoo humain de 300 congolais logés dans des villages africains reconstitués. 7 d’entre eux y moururent de maladies ou de froids. Jusqu’en 1960, les collections ne cessèrent de s’agrandir par les envois d’objets effectués par des militaires, des missionnaires, des commerçants …
Par la suite des acquisitions furent élargies à l’ensemble de l’Afrique et aussi à l’Amérique et à l’Océanie. L’aménagement récent réoriente la présentation et propose donc un récit de cette triste période coloniale et de ses conséquences. La surface d’exposition est passée de 6000 m² à 11.000 m² tout en présentant moins de pièces. 700 contre 1400 auparavant (sur un total de 180.000 objets conservés).
A sa réouverture, le 9 décembre 2018, alors qu’un débat à cours en Europe sur la restitution ou non d’œuvres saisies aux pays africains durant la colonisation, le musée sera revu et recevra l’adjonction d’œuvres d’artistes contemporains mais le tabou du rôle de la royauté dans la colonisation empêche cependant certaines évolutions et trop peu de places est réservée à ceux qui ont combattu le colonialisme. Il faut cependant reconnaître que ce musée est devenu un centre de référence scientifique pour l’Afrique et un lieu de rencontre des cultures. Il travaille avec des institutions africaines et contribue à former chaque année quelques 130 scientifiques africains. Le développement durable y occupe également une place centrale.
Nous admirerons ce très beau patrimoine et prendrons plaisir à écouter notre guide nous parler des richesses africaines, des proverbes et des rites initiatiques.
Des écrans diffusent dans la galerie des rituels des témoignages expliquant les traditions ancestrales.
Notre visite s’achèvera et laissera au cœur de chacun un sentiment partagé entre culpabilité et histoire d’un passé à assumer.
Anne André-Léonard