Une belle chambrée était présente au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles pour accueillir Alain Berenboom le jeudi 20 février dernier.
Nous lui avions demandé de nous entretenir de l’évolution de l’usage de la langue française et du rayonnement de la culture francophone dans notre quotidien à Bruxelles, en Belgique, à l’étranger.
Après une courte présentation de notre président Valmy Féaux qui a souligné l’éclectisme de notre invité (avocat – écrivain (onze livres à son actif) – chroniqueur à ses heures dans le journal « Le Soir » …), celui-ci nous a d’abord rapidement raconté son parcours de vie : né en Belgique de parents provenant l’un de Pologne et l’autre de Lituanie, il ne compte plus les membres de sa famille qui ont vécu et vivent encore en dehors de nos frontières, de Toronto à Montevideo. « Notre pays est petit », dit-il, « nous sommes nombreux à connaître cette situation ». Il a passé sa jeunesse à Schaerbeek, se sent profondément belge, mais surtout « citoyen du Monde ». Et il ajoute avec humour que celui dont il parle est bien le monde géographique et non le monde juif.
Il est donc difficile pour lui de se définir comme écrivain de la communauté française de Belgique, une notion par trop restrictive.
Cependant, le lauréat du Rossel tint à préciser ce qui différencie l’écrivain belge (nombreux exemples à l’appui, Henri Michaux en tête) de ses collègues au-delà de nos frontières : « Dans la littérature française de Belgique, il y a davantage de références à l’imaginaire, à la création que dans l’Hexagone. On ne peut pas dire qu’il y ait une école belge, nos œuvres ne se ressemblent pas. Chacun a l’univers qui est le sien, à l’inverse d’une manière relativement uniforme de créer qui caractérise un certain parisianisme. Le tissu culturel de notre pays est imprégné d’un côté cosmopolite qu’on ne retrouve pas ailleurs. » Peut-être, ajoute-t-il sourire aux lèvres, parce que nos montagnes sont beaucoup moins hautes….
Il termina malgré tout son exposé en nous lisant un passage de « Monsieur Optimiste » (le début du chapitre : « au commencement était la bible, p.171 ») qui illustre le fait que la créativité de l’écrivain est imprégnée par ses origines.
Le questions-réponses qui suivit fut l’occasion d’aborder de nombreux sujets : la distinction entre l’identité et l’appartenance ; l’orthographe (j’y crois !) ;les politiques publiques de défense de la langue française ; la Palestine (« je me retrouve dans le peuple israélien, pas dans sa politique ») ; la crise de la presse papier et l’avenir des librairies (« le livre papier va survivre comme le cinéma a survécu » ; le métier d’éditeur (le parcours du combattant : c’est la passion qui génère la persévérance) ; Tintin (A. Berenboom est l’avocat de la fondation Hergé) ; le formidable terreau que constitue le cosmopolitisme belge …
On l’a compris, Alain Berenboom n’a pas parfaitement respecté le thème que nous lui avions proposé. Il a plutôt mis l’accent sur ce qui différencie l’écrivain francophone belge de ses collègues français. Mais nous n’avons rien perdu au change !
Bernard Ide