Conférence au Parlement européen : « Utilisation du français dans les institutions européennes » (décembre 2011)

Ce 19 décembre 2011 une importante délégation d’anciens parlementaires francophones a participé à une conférence donnée par des députés européens belges francophones, Madame Frédérique RIES et Monsieur Philippe LAMBERTS , ainsi que par Monsieur Michel VANDEN ABEELE, Directeur général honoraire de la Commission européenne et Monsieur Lambert MICHA, responsable de la cabine d’interprétation francophone du Parlement européen.

Cette manifestation s’est tenue dans les locaux du Parlement européen et le thème débattu « l’utilisation du français dans les Institutions européennes » fut particulièrement apprécié par l’assistance.

Madame RIES et Monsieur LAMBERTS nous ont fait part de leur vécu et ont admis que si le français est toujours avec l’anglais une des langues officielles, cette dernière est devenue la langue véhiculaire des institutions européennes. Le Parlement européen travaille dans 23 langues et se distingue donc des autres organismes internationaux qui n’en pratiquent généralement que deux. Tous les documents sont traduits dans toutes les langues de l’Union européenne et les parlementaires siégeant en commissions ou en séances plénières peuvent bien évidemment parler leur langue maternelle. L’interprétation est assurée et chacun bénéficie donc d’une traduction permettant une plus grande efficacité. Ils ont cependant fait remarquer qu’en dehors des réunions officielles il est intéressant de pouvoir s’exprimer dans une autre langue que la sienne et qu’en règle générale, surtout depuis l’élargissement aux pays de l’est et baltes, l’anglais est sans aucun doute la langue la plus parlée. Lors des déplacements en dehors des sièges officiels (Bruxelles, Strasbourg, Luxembourg) et en l’absence d’interprétation, il est normal de pouvoir dialoguer dans une autre langue que la sienne . C’est un enrichissement non négligeable et une marque de respect. Ils ont toutefois été optimistes quant à l’avenir du français qui est et restera une langue officielle pratiquée par un grand nombre de parlementaires et fonctionnaires mais aussi par de nombreux interlocuteurs extérieurs aux Institutions. Pour eux, il n’y a pas lieu de s’inquiéter de l’avenir du français.

Monsieur Michel VANDEN ABEELE a mis l’accent sur l’évolution de l’utilisation des langues dans les institutions européennes. En 1973 lors de l’élargissement à la Grande Bretagne et à l’Irlande, l’anglais a également fait son entrée et s’est imposé . Les adhésions successives de 1981, 1986,1995,2004 et 2007 ont vu le nombre de langues prendre une ampleur inégalée. Il fut cependant admis que toutes les langues seraient reconnues, d’où l’utilisation de 23 langues pour 27 pays membres. Pourrons- nous poursuivre dans cette voie ou faudra-t-il choisir 4, voire 5 ou 6 langues ? Quoi qu’il en soit, le français restera une langue officielle ce qui a rassuré l’assemblée. Il a souligné également qu’à la Cour de Justice, par exemple, le français était la langue usuelle alors qu’à la Banque européenne d’investissement, c’était l’anglais. Un bon équilibre !

Monsieur Lambert MICHA, acteur de terrain s’il en est, a fait part de son expérience d’interprète et il fut lui aussi rassurant. Le français reste une langue pratiquée très largement au sein du Parlement européen. De nombreux parlementaires la parle ou la comprenne. L’interprétation dans toutes les langues est un droit des parlementaires et si l’anglais est devenu langue véhiculaire, le français séduit incontestablement les nouveaux arrivants et fait partie des langues les plus utilisées. Il reconnait que le prix à payer est élevé pour permettre à chacun de parler sa langue et de comprendre celle des autres mais cela ne représente finalement que 2€ par habitant européen. Pour lui, parler sa langue facilite l’expression et les interprètes du Parlement européen sont en règle générale, parfaitement formés à cet exercice.

L’assemblée put bien évidemment s’exprimer et les nombreuses questions posées par d’anciens parlementaires, ainsi que par des représentants de l’Alliance française, également présents, démontrèrent l’intérêt du débat.
Les orateurs furent chaleureusement applaudis et la réunion se termina par une visite de l’hémicycle et du nouveau Parlamentarium qui rappelons le retrace toute l’histoire de l’Union européenne de sa création à nos jours .