1. La thèse de notre orateur est de démontrer que les actes et les propos de Donald TRUMP, pour étonnants qu’ils soient, n’en sont pas pour autant imprévisibles mais s’inscrivent dans une tradition populiste américaine.
Il rappelle que le « People party » au XIXème siècle opposait déjà le peuple aux élites ! Des hommes comme Ross PEROT, Pat BUCHANAN, Jesse JACKSON, Arnold SCHWARZENEGER, … sont des exemples de ce mouvement.
2. Donald adopte les éléments majeurs du populisme
Très tôt, il perçoit que le discours importe plus que les actes et il crée une réalité nouvelle par l’usage verbal, agressif et répétitif.
Très vite, il use de thèmes nouveaux, voire d’attitudes scandaleuses. Il impose son agenda et n’hésite pas à utiliser des expressions fortes : « Le mexicain est un voleur » ou s’adressant à Hilary Clinton « Si je suis élu vous irez en prison ! ».
Démagogue, il annonce l’érection du mur entre les USA et le Mexique (qui existe déjà partiellement) et il déclare les élections truquées. Ses discours sont simplificateurs et il cherche à entretenir le temps, exactement comme le faisait Silvio Berlusconi qui n’hésitait pas à dire que tous les magistrats italiens étaient communistes !
3. Il oppose le peuple aux élites
L’Etat fédéral américain est de plus en plus puissant, centralisateur et coûteux alors que la Constitution américaine donne les pouvoirs (sauf la monnaie et la diplomatie) aux Etats fédérés.
Il n’hésite donc pas à se déclarer du côté du peuple, victime des élites de Washington. Vivant à New York dans la Trump tower, il s’entoure de collaborateurs du monde des affaires, du privé, des finances. Il cible les élites fédérales et défend les politiciens fédérés plus proches du peuple et du vécu des gens.
4. Il détourne le processus démocratique en utilisant les Tweets pour contourner la machine politico-médiatique.
Le développement technologique et la diversification des media permettent à Donald Trump d’assurer le rejet des media traditionnels comme la presse écrite, la radio, la TV pour utiliser à fond Twitter et Facebook.
Gérant le flux médiatique, il n’hésite pas à s’attaquer au monde des stars, des sportifs professionnels.
Les journalistes subissent, sont soumis et suivent le temps qu’il impose.
En bref, il s’oppose au système plus qu’il ne s’inscrit dans un clivage entre la droite et la gauche.
5. Il faut rappeler que le Président des Etats-Unis n’est pas le chef de la majorité, qu’il ne crée pas la loi ni ne déclare la guerre. Son seul pouvoir est de persuader et influencer les membres du Congrès.
On constate d’ailleurs que plusieurs promesses électorales restent bloquées (ex : la suppression de l’Obamacare).
Un système de poids et de contrepoids se met en place, faisant place à la montée en puissance du pouvoir judiciaire.
Le Parti républicain est aux abois, des clans s’affrontent ouvertement à la Maison blanche et la presse est hostile : tout un monde parallèle est en train de se mettre en place et la diplomatie américaine s’affaiblit.
6. La situation aujourd’hui aux USA est très complexe.
Le leadership mondial et l’image internationale des Etats-Unis s’affaiblit offrant de nouvelles opportunités inattendues pour la Russie de V. Poutine, pour la Chine et même pour la Corée du Nord ….
Très riche dans son contenu, le débat a mis en évidence la notion de poids et de contrepoids, la présence de la famille de Donald Trump dans son cabinet, la différence de perception de la politique, selon le lieu d’observation : Donald Trump vu des Etats-Unis ou d’ailleurs.
Des Collègues ont rappelé qu’Hilary Clinton avait obtenu plus de voix à l’élection présidentielle et que Sanders aurait peut-être bousculé Donald Trump.
D’autres Collègues s’inquiètent de l’influence du Brexit, de la notoriété de Vladimir Poutine qui apparaît être devenu un leader stable, de plus en plus dominé par le conservatisme.
Quant à l’Europe, où est son unité face à Donald Trump ?
En réponse, le Conférencier met l’indépendance des Juges – hors toutes interférences politiques – en valeur.
Il rappelle l’influence de Montesquieu et met l’accent sur l’indépendance du Congrès face à la Maison Blanche.
Seul le Congrès vote les budgets.
Quant aux relations avec la Russie l’interrogation perdure.
Où en sont les relations commerciales ? Les relations Politiques ? Le développement technologique interne ?
Inévitablement, les récentes déclarations agressives de Donald Trump à l’ONU ont amené le questionnement à propos de la Corée du Nord et de l’Iran.
Le développement de la puissance nucléaire semble récent et le leader de la Corée du Nord a compris que Donald Trump est actuellement en difficulté sur le plan politique…
L’exposé s’est avéré pragmatique, dominé par une empreinte scientifique, l’échange de vues très convivial.
L’expérience du Conférencier, visiteur régulier des Etats-Unis, nous a conduits avec passion et discernement à travers l’évolution historique, politique et sociétale de ce grand Pays.
Nestor-Hubert Pécriaux