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Vœux de l’AAPF ce jeudi 19 janvier 2017 au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles

Introduction du Président Michel Foret

Michel Foret présente ses voeux aux participants à  la première réunion de l’Association en cette nouvelle année 2017. Il rappelle la difficile année passée 2016. Les attentats de Bruxelles, de Nice, de Rouen, de Charleroi, d’Istanbul ont frappé familles et communautés dans divers pays d’Europe. Or, sans respect de la vie, il n’est pas d’espoir. Veillons, en ces circonstances difficiles, au respect de l’Etat de droit et de nos valeurs.
L’année écoulée a été marquée par des événements imprévus : le vote britannique du Brexit ; le démission de Mateo Renzi ; la décision de François Hollande de ne pas se représenter ; l’élection de Donald Trump et ses déclarations d’intention sur l’O.T.A.N., l’Union européenne ainsi que son approbation enthousiaste du Brexit ; le rapprochement inquiétant entre Poutine et Erdogan ; la fin de la bataille d’Alep, qui n’a pas mis fin au conflit en Syrie ; un sentiment général d’inquiétude face à ces bouleversements.
Nos concitoyens ne croient plus aux institutions, ne font plus confiance à ceux qui les gouvernent. Ils ne croient qu’en eux-mêmes. C’est un véritable défi que de changer cet état d’esprit!
05Pour 2017, conservons l’espoir. Tel est le sens de notre réunion : le plaisir de se retrouver, de rappeler et de partager nos intérêts communs.
Le Président rappelle les activités de l’Association pendant l’année écoulée.
Il souhaite aux participants une année 2017 plus heureuse.
Enfin, il ouvre la conférence de Charles-Ferdinand Nothomb. Celui-ci, inspiré par la prestation de Valmy Féaux en janvier 2016, s’est proposé de nous livrer son propre parcours

Conférence de Charles-Ferdinand Nothomb

02Charles-Ferdinand Nothomb évoque ses débuts dans la vie politique jusqu’en 1968. Son récit est organisé autour de trois colonnes : les étapes marquantes, les événements qui l’ont particulièrement touchés et, enfin, quelques anecdotes illustratives.
Il est né en 1936 dernier de treize enfants, la même année que Wilfried Martens et que son neveu l’ambassadeur Patrick Nothomb.
L’année est marquée en politique intérieure par le rexisme de Léon Degrelle et son  succès aux élections législatives; en politique extérieure, par l’avènement du Front populaire en France, par le nazisme en Allemagne et par la guerre d’Espagne. Celle-ci  a marqué la famille. Le frère aîné de Charles-Ferdinand, tourné vers le communisme, va se battre en Espagne aux côtés d’André  Malraux.
Après la guerre, Charles-Ferdinand est envoyé en pension à Braine l’Alleud…l’école pratiquant une réduction pour les familles nombreuses! Il y fait la rencontre d’élèves flamands, généralement les meilleurs et les plus forts en classe. Son neveu Patrick est dans le même établissement, en classe supérieure. Cette situation le motive pour passer le jury central avant d’entamer des études de droit à Saint-Louis à Bruxelles. Il y est particulièrement actif dans « l’associatif ».
Il fait partie du mouvement des compagnons de la jeunesse du pays noir qui s’occupe de l’animation auprès de la jeunesse, à La Hestre, près de La Louvière, notamment … Il est élu président du Cercle politique de Saint-Louis. Il organise les journées luxembourgeoises de contact.
Il travaille aussi à Ressaix, dans la mine!
Nothomb achève son droit à l’U.C.L. Il y devient rédacteur en chef de la revue l’Avant-Garde, où il accueille un article de Guy Spitaels ! Un article controversé qui lui vaut d’être tancé par le vice-recteur. Il n’est pas facile d’assurer la liberté d’expression de la publication sans poser trop de problèmes pour le journal!
Nothomb achève ses études de doctorat en droit en 1957. Il travaille à Longwy dans l’industrie sidérurgique. Il termine ses études de sciences économiques l’année suivante. Puis il entre au service d’études du ministère des Affaires économiques. son directeur le prévient : les notes qu’il rédige ne seront probablement pas lues par « les gens d’en haut » (montrant de l’index les étages supérieurs) c’est à dire le pouvoir politique!
En janvier 1960, lors de l’indépendance du Congo, il est secrétaire de Raymond Scheyven, Ministre chargé des Affaires économiques et financières africaines. Il part ensuite au Congo comme conseiller économique.
A son retour du Congo, Nothomb devient président des jeunes sociaux-chrétiens. De ce fait, il siège au comité directeur du PSC-CVP.
En 1965, il est  chargé de mission aux cabinets des ministres de la culture française Paul de Stexhe et, ensuite, Pierre Wigny. Il y rencontre Jean Gol, libéral, assurant le rôle de « belle-mère », pratique courante des gouvernements de coalition! Il participe alors à la mise en place de ce nouveau ministère de la culture française.
En 1968, il est élu député pour la première fois. Il note qu’il fait partie de cette génération qui n’a pas connu le « Walen buiten « . Ce n’est pas sans influence sur ses options politiques!

Quels sont les évènements qui ont impressionné le jeune Nothomb?
L’affaire  royale, sa famille fut remerciée pour son soutien au Roi ; la guerre de Corée et le leadership américain tout puissant!
À Saint Louis, en tant que Président du cercle politique, il vit surgir  la question européenne et le débat autour de la Communauté européenne de défense (C.E.D.) Paul Struye était opposé à la CED et Pierre Gilly y était favorable. Comme économiste plus tard, il étudie l’influence de la mise en place du Marché commun et le secteur de la poêlerie. À quoi mène l’Europe!
La conférence de Bandoeng qui porta l’émergence du Tiers Monde le marqua également, tout comme l’éveil au problème du Congo du fait  de sa rencontre à l’université avec le premier universitaire congolais venu faire des études en Belgique, Thomas Kanza.
Charles Ferdinand Nothomb a effectué un voyage, en auto-stop,  en Algérie en 1954, c’est dire si la guerre d’Algérie l’a intéressé.
La guerre scolaire poursuit la vie de l’étudiant Nothomb : elle est très discutée dans l’enseignement libre et les étudiants luxembourgeois sont parmi les principaux animateurs des manifestations.
Plus tard, il rencontrera Marcel Hichter du cabinet du Ministre Collard, alors Ministre socialiste de l’Education, l’occasion d’échanges d’idées dans un contexte moins tendu!
Puis viennent les manifestations lors de l’invasion de la Hongrie par les troupes soviétiques en 1956. Nothomb défile avec ses camarades aux cris de « gestapo ! » et de « A bas la violence ». Il reçoit un coup de crosse à cette occasion. Alors qu’il est à terre, un  gendarme vient lui taper sur l’épaule et lui dire : « C’est fini, manneke. va te faire soigner … ».
En Belgique, la question linguistique domine les débats politiques. Au sein du gouvernement Lefèvre-Spaak, à domination flamande, on ne parle que le français. Les flamands se sentent humiliés. Pour Nothomb, la Belgique est alors divisée entre francophones unilingues et unitaires d’une part, flamands bilingues et multilatéraux d’autre part.
Dans les années soixante, le débat porte sur la décentralisation. Sociaux-chrétiens et socialistes y sont favorables. Mais le gouvernement suivant n’a plus les deux tiers de voix nécessaires pour procéder à la révision constitutionnelle. L’occasion est manquée ; elle fait ressurgir le « Walen buiten ».
L’expérience de Nothomb au ministère de la culture française est passionnante. Il faut inventer ce nouveau ministère. Il faut encore partager certaines des institutions fédérales. Les considérations linguistiques ne sont pas toujours dominantes : ainsi, les flamands souhaitent que le musée d’Anvers reste fédéral, car il coûte fort cher … Avec le ministre Wigny, Nothomb prépare le plan culture française, avec un budget sur dix ans. Le projet est de créer une maison de la culture par province et un centre culturel par arrondissement.
La première campagne électorale de Nothomb s’engage en 1968. Il est candidat aux législatives pour l’Arrondissement Arlon-Marche-Bastogne. Nothomb participe à un meeting avec Spaak et Perrin. La confrontation porte sur l’avenir de la Belgique. Il n’a pas oublié la question de Spaak, qui demande au jeune candidat s’il est « enceint du fédéralisme »!

Michel Foret remercie Charles Ferdinand Nothomb pour son exposé « en trois colonnes »!
Celui-ci se qualifie comme luxembourgeois, unitariste et social-chrétien…mais brave et gentil.
Toutes ces guerres, batailles, il n’est pas né pour rien en 1936..et intellectuel, contestataire, ce n’est pas l’image habituelle que nous en avions. De même, nous l’avons découvert « compagnon du Pays noir ».
06Et la parole est aux participants.
Etienne Knoops, député en 1968, en même temps que l’orateur rappelle que lors de sa première intervention, le Président lui avait donné quinze minutes. Il parla si vite qu’il en fut inaudible!
Des questions lui sont posées par certains membres de l’Assemblée,  sur la Fonction Publique, le drame du Heysel et le vote des électeurs issus de l’immigration.
C.F. Nothomb explique que la mise en œuvre de la loi sur la Fonction Publique fut très complexe et donc, en effet, a mis du temps. Il a haussé le coût de l’accès au Conseil d’Etat car les recours individuels étaient trop nombreux.
Il reconnaît aussi qu’un de ses défauts est parfois le trop plein d’idées. Il est un peu comme une carabine américaine : trop de balles enrayent la machine !
Le drame du Heysel fut un moment difficile. Il n’a pas voulu démissionner car il pensait avoir raison et n’a pas voulu céder à la démagogie.
À propos de son unitarisme, il pense toujours qu’il vaut mieux aller lentement car la descente est toujours dangereuse.
Il exprime son regret d’avoir passé tant de temps sur les questions institutionnelles.
Sur l’immigration, il a toujours considéré que pour bien intégrer, il faut respecter les origines.
Après deux générations, des luxembourgeois à Bruxelles se sentent encore luxembourgeois !
Pour conclure, le Président demande quel est son plus beau souvenir politique.
Lorsqu’Edmond Leburton est venu en visite à Arlon, des ouvriers PTB ont voulu marquer leur hostilité à E. Leburton et à C.F. Nothomb. Un des ouvriers présent stoppa l’élan des contestataires en disant à propos de Nothomb  » non, celui-là, il est des nôtres », se souvenant de son passage à l’usine à Longwy !

Après l’intervention de l’invité du jour, une amicale réception fut offerte par l’AAPF et ce fut le moment de partager le gros jambon reçu de nos amis luxembourgeois lors de notre visite à Bastogne.

04 03

Un repas fut pris dans la bonne humeur et C.F. Nothomb ne se priva pas de raconter d’autres anecdotes et fit des propositions, soutenu par P.E. Gendebien, pour nos prochaines rencontres.

Raymonde Dury