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Visite de la Villa Empain – Jeudi 21 novembre 2019

Le jeudi 21 novembre, les membres de l’AAPF ont eu le plaisir de visiter la très belle Villa Empain, située Avenue Franklin Roosevelt à Bruxelles.

Quelle est l’histoire de cette maison Art Deco, classée par le Gouvernement de la Région de Bruxelles-Capitale et inscrite depuis 2001 sur la liste du patrimoine bruxellois à protéger ?

Louis Empain, fils du richissime homme d’affaires, le Baron Edouard Empain, se lance en 1930, un an après le décès de son père, dans le projet de construction d’une somptueuse villa Art Déco. Il confie la construction à l’architecte Michel Polak.

En 1937, suite à une révélation mystique, Louis Empain renonce à une partie de ses biens, dont la somptueuse villa au profit de l’Etat belge.  Ce don a pour objectif de transformer la villa en Musée Royal des arts décoratifs contemporains sous la houlette d’une fondation qui porte le nom de Louis Empain. La guerre mettra prématurément fin aux activités du Musée et l’armée allemande l’occupera en novembre 1943.

A la fin de la guerre, le Ministre Paul-Henri Spaak prend la décision d’y installer l’Ambassade d’URSS. Ce choix n’est pas accepté par la famille Empain et durant les années 1960, la maison est redevenue la possession de Louis Empain, des expositions consacrées à l’Art contemporain y seront organisées.

En 1973 Louis Empain vend la Villa à un industriel d’origine arménienne Harry Tcherkezian. Ce dernier la louera à la chaîne de télévision luxembourgeoise RTL qui l’occupera jusqu’à la fin des années 1980.

Une période sombre s’ouvre ensuite pour la Villa. Elle sera louée pour des événements ponctuels et revendue une nouvelle fois. Elle sera partiellement détruite et vandalisée jusqu’en 2006 où la Fondation Boghossian l’acquiert.

Son triste état nécessitera une restauration complète. La restauration financée par la Fondation Boghossian se terminera en 2010. Quatre années seront donc nécessaires pour redonner tout son lustre à cette magnifique villa. Restauration complexe et délicate, la piscine et la pergola qui l’entoure sont intégralement reconstruites à l’identique, les bois, les marbres, ferronneries sont restaurés, les cornières en laiton sont recouvertes de feuille d’or. Le choix des matériaux manifeste d’un extrême raffinement.

Lorsque l’on pénètre dans la maison on est conquis par la beauté des lieux. Dans le salon d’honneur, une grande baie vitrée donne sur les terrasses et la piscine. Le plafond est composé d’un assemblage de 21 plaques carrées en verre, c’est une allégorie de la voie lactée.

Tout est beau, le salon intime, le bar à l’américaine, le grand escalier de marbre qui mène à l’étage. On y découvre une ancienne chambre à coucher, une salle d’escrime, une ancienne salle de bain en mosaïques bleues et vertes. On y trouve également l’ancienne chambre d’amis et la chambre de Louis Empain. Entre les deux chambres, les espaces des deux salles de bain principales ont été restitués après leur destruction. La dernière pièce est la chambre de Madame. Elle a perdu son mobilier d’origine et a aussi nécessité une restauration complète.

Le sous-sol quant à lui était affecté aux cuisines et à l’office et est devenu un espace d’expositions.

Grâce à la Fondation Boghossian, les portes de la Villa s’ouvrent au public en 2010. Centre d’art et de dialogue entre les cultures d’Orient et d’Occident, la Fondation est dirigée depuis 2016 par Louna Salamé. Elle accueille plus de 50.000 visiteurs par an et est désormais un lieu de rencontres et de découvertes, d’émerveillement pour la beauté retrouvée et d’émotions partagées par les activités qui y sont organisées.

Nous avons eu la chance d’y admirer l’exposition Ekphrasis. Celle-ci réunit les pièces de plus de quarante artistes venus du monde entier, dont les langages sont très variés, mais dont l’utilisation des mots dans l’œuvre est une expression privilégiée.

Ekphrasis, l’écriture dans l’art, est une exposition qui nous fait découvrir des œuvres d’artistes du XXème siècle et du XXIème siècle dans les domaines de la peinture, de la sculpture et aussi de l’écriture comme moyen de remplacer ou de décrire l’image car il existe une grande tradition d’artistes qui se préoccupent autant des arts visuels que de littérature, de poésie ou de politique et pour qui le texte est un élément constitutif de l’œuvre.

Notre charmante et très compétente guide, Amélie d’Arschot, nous fera également une petite visite de l’exposition qui se tient dans le sous-sol de la Villa et qui a pour thème « Habitats abandonnés de Beyrouth ».

L’artiste, directeur de l’Ecole de Arts visuels à l’Académie Libanaise des Beaux-Arts, Grégory Buchakjian, expose le résultat de sept années de recherches scientifiques et artistiques, au cours desquelles il a tenté de faire l’inventaire des maisons en ruine du Beyrouth d’après-guerre. Ces recherches répertorient près de 750 immeubles, hôtels et maisons disséminés dans la ville et ses photos sont de vrais chefs-d’œuvres.

Très émouvante exposition de la triste réalité de la vie à Beyrouth qui depuis 150 ans connait une succession de croissances débridées, de guerres, de crises économiques et sociales et de flux migratoires.

Une activité de l’AAPF très réussie et qui a ravi tous les participants.

Anne ANDRE-LEONARD